
L’espèce humaine disparaîtra dans 255 heures.
Les pires prédictions climatiques se sont réalisées, le Grand Effondrement a eu lieu et presque toutes les espèces animales se sont éteintes. Les Derniers Humains se sont réfugiés dans les Dernières Terres : un archipel rocailleux surgi des glaces, où ils survivent dans des cités-royaumes éparses. Accaparés par la lutte pour les maigres ressources, ils ignorent que l’ultime cataclysme est sur le point de balayer ce qu’il reste de l’espèce Homo sapiens.
La dernière histoire d’amour s’écrira en lettres de feu.
Née dans les bas-fonds de Viridienne, la cité-royaume pourrissante envahie d’algues, Astréa rêvait de se consacrer tout entière au culte de Terra. Mais sa foi vacille le jour où son frère est accusé de sacrilège et condamné à mort.
Élevé derrière les remparts du castel, le prince Océrian était né pour régner. Mais un mystérieux accident lui arrache sa jambe et son honneur, l’écartant à jamais de la ligne de succession.
Le destin va jeter ces assoiffés de justice l’un contre l’autre, embrasant leurs cœurs avant de consumer le monde.
La flamme brûle plus fort juste avant de s’éteindre.
J’ai été captivé par ce roman à la fois apocalyptique et post-apocalyptique, cette ambiance ambivalente entre deux fins du monde, et cette belle écriture, fluide, qui nous plonge dans les arcanes d’une histoire passionnante.
Les références aux Fleurs du Mal de Charles Baudelaire m’ont régalé. L’auteur fait la part belle à la poésie, au rêve et à l’art dans ce monde impitoyable.
J’ai apprécié la romance tumultueuse entre Astréa et Océrian que tout sépare. Les castes décrites dans cette atmosphère moyenâgeuse sont très délimitées. Par conséquent, de nombreux personnages frôlent le cliché, mais l’auteur s’en tire plutôt bien grâce à une intrigue riche et palpitante.
La rencontre avec l’oracle m’a fasciné. L’apparition d’une technologie futuriste dans un décor antique est bluffante.
J’ai douté à l’approche de la Ville-Nouvelle de Flamboyante et de ses machines infernales.
J’ai frémi avec chacun des protagonistes, chaque fois que leurs idéaux s’écroulaient, chaque fois qu’ils affrontaient la vérité douloureuse d’une société imparfaite, chaque fois qu’ils bravaient les interdits, pour sauver leurs proches, ou pire, pour asseoir leur pouvoir.
J’ai été touché par l’effondrement de leurs croyances ancestrales, la prise de conscience factuelle du monde imparfait qui se cache derrière les légendes.
J’ai assisté avec tristesse aux luttes finales, sanglantes, animales, quand l’instinct de survie efface toute solidarité. J’aurais peut-être aimé une fin plus digne, plus humaine. L’auteur l’a voulue cruelle, brutale. Plus réaliste sûrement.
L’histoire des humains se renouvelle sans cesse, comme une boucle infinie de survies et de guerres. La question se pose : l’humanité mérite-t-elle d’être sauvée ? Oui, pour la beauté et l’amour qu’elle dégage malgré tout. Tel est le fond du message, un message empreint d’écologie, de diversité, de persévérance, de respect, mais tellement pessimiste sur notre futur.