« 28 avril 2025 : Premier bilan de l’attentat ayant causé la destruction de l’échangeur des avtostradi 1 à 8 et de l’ossuaire de la Zona : plus de 8 000 morts, plus de 30 000 blessés et au moins 5 000 disparus. Quelle est l’implication réelle du Sit, et de son mystérieux gourou Nikolaï le Svatoj, dans l’attentat le plus meurtrier de Mertvecgorod ? »
Les Chroniques de Mertvecgorod, « comédie inhumaine » violente et romanesque, traversent plusieurs époques, de l’écroulement de l’URSS juqu’à la fin possible de l’humanité, et dressent un vaste panorama du monde en décomposition qui est le nôtre.
L’ignorance, contrairement à la vérité, n’empêchait pas d’être peinard.
Il n’y a pas d’autre possibilité que la violence. Si nous ne l’utilisons pas alors nous acceptons d’être corrompus et de devenir des contestataires officiels, comme la Russie en a produit à chaque génération.
En commençant la lecture, je me suis dit que je n’allais pas aimer. Je suis un fan de S.F., mais là, non, vraiment, c’est pas mon trip. Trop trash, trop violent. Meurtres, viols, drogues, tortures, pornographie. Puis, la fluidité de l’écriture aidant, j’ai fini par prendre du recul, de la hauteur. Et de là-haut, j’ai commencé à voir le tableau qui se dessinait dans son ensemble. Un tableau sombre, forcément, pessimiste, inhumain, au-delà du tolérable, mais au fond, pas si loin de la réalité. Il suffirait d’un grain de folie pour enrailler la roue de la raison et précipiter l’humanité vers ce genre d’excès.
Avec ce patchwork de nouvelles plus ou moins liées entre elles, l’auteur a inventé l’histoire d’un pays, une société, un environnement à la frontière entre horreur et fatalisme.
Je ferme le livre sur un sentiment mitigé, très partagé. Je n’aime pas le tableau dépeint, je confirme, mais j’ai aimé cette forme de résignation bien humaine qui s’en dégage, et cette envie de vivre malgré tout l’instant présent. Au final, je ne regrette pas cette lecture, cette expérience, mais la zopa, elle remue les tripes !