Elle est le symbole spatial de la hiérarchie.
Tour de Babel, elle escalade le ciel, strate après strate, pyramide figée du pouvoir. C’est la Ville.
Belle « comme un rêve de pierre », elle conjugue l’Ordre avec la Couleur. Nul ne peut échapper à son esthétisme pervers qui régit un système de castes…
Mais il y a des résistances passives, comme celle de Sélèn, le danseur sacré qui commande à son corps et lui impose les plus étranges des métamorphoses, et des résistances actives, comme celle de Narcisse, l’hétaïre qui découvre qu’au delà de la simple autosatisfaction, son charme peut devenir une arme.
Une ville organisée en castes de couleur, dont le but officiel est de rétablir l’ordre après l’effondrement de notre civilisation. Le rôle de la femme réduit à la reproduction. Une révolution qui fomente. Des êtres fantastiques qui se volatilisent à volonté, des humanoïdes discrets, des hommes assoiffés de pouvoir. Tous les ingrédients sont là pour tenir le lecteur en haleine et le charmer. L’écriture, pour ne rien gâcher, est agréable, emprunte de poésie et d’une certaine noirceur.
Si l’intrigue générale est somme toute très classique, l’intérêt est porté sur la vie des différents protagonistes qui s’avère très riche. Les personnages sont attachants, vulnérables, à la fois déterminés et pleins de doutes.
Avec ce roman à la croisée des genres, post-apocalyptique, dystopique, fantasy, féministe, je découvre une auteure que je n’avais encore jamais lue. Et je n’ai qu’une hâte maintenant : en lire d’autres, dont son chef-d’œuvre Le Créateur chimérique qui a reçu le Grand Prix de la science-fiction française…