Abzalon est un monstre, un tueur de femmes, qui purge sa peine dans le pénitencier de Doeq, Ellula, elle, est une jeune Kropte qu’on marie contre sa volonté, et dont les rêves sont troublés par d’étranges prémonitions… Comme des milliers d’autres, ils font partie sans le savoir d’un programme initié par l’église du Moncle : ils serviront de cobayes pour un voyage spatial de cent vingt ans à la recherche d’une planète habitable. Pris dans la tourmente politique d’un monde au bord de la rupture, contrôlés par des « mentalistes », manipulés par l’église, Abzalon et Ellula sont le dernier espoir des hommes et des femmes embarqués de force dans les soutes de l’Estérion. Voici l’histoire de leur survie…
Le désir est un leurre, l’aspiration profonde est un chemin. Le désir relève de l’instinct de possession, de l’orgueil, l’aspiration requiert de l’humilité, de la patience, de l’attention. L’un provoque les affrontements, les guerres, la destruction, l’autre inspire la compassion. Le désir engendre le pouvoir, la conquête, la religion, l’exploitation ; l’aspiration suscite la compréhension. Le désir bâtit des prisons, l’aspiration offre la liberté. L’un crée le temps, l’autre relie à l’éternité.
S’il fallait résumer en trois mots ce roman, je dirais que c’est un remake de La Belle et la Bête. Ellula, figure de la beauté éternelle, et Abzalon, le monstre à la force incroyable et dangereux criminel. Mais ce serait bien trop restrictif. Car il y a aussi, à travers ces peuples humains d’une planète lointaine, un regard acerbe sur notre société, nos religions, et sur la quête du pouvoir. C’est aussi une belle saga où la tolérance, l’amitié et l’amour sont le ciment de l’humanité, où l’instant présent la clé du bonheur.
La fuite de leur planète condamnée à moyen terme, dans un vaisseau immense, pour un objectif incertain, est originale dans le choix des passagers. Une communauté ultra religieuse et conservatrice d’un côté, et les pires des criminels de l’autre. Leur rencontre ne peut être qu’explosive, à moins qu’une autre espèce intelligente n’intervienne et ne tempère leur agressivité. Les Qvals…
La dimension fantastique du roman, avec les visions d’Ellula par exemple, et qui ne manque pas de rappeler Dunes, est une marque de fabrique de l’auteur. Personnellement, je ne suis pas fan du mélange fantastique et SF, mais j’admets qu’ici l’ensemble est bien équilibré et plaisant à lire.