
Quand Mark Jervann d’Angun ressuscite, dix mille ans après sa première mort, on prétend l’obliger à changer de nom. Et parce qu’il refuse, il va lui falloir retourner dans l’univers-ombre, dans l’oubli. Quand il renaît une nouvelle fois, vingt mille ans plus tard, sur une planète marine, le monde a bien changé. Les planètes du système solaire ont disparu. Broyées, elles ont servi à construire la Sphère de Govan qui entoure le soleil de ses milliers de mondes artificiels. Et la science s’est mise à ressembler à la magie. Mark d’Angun se réveille en plein conflit. Entre les Ingénieurs qui ont construit la Sphère et les Seigneurs qui la possèdent. Mais la Sphère elle-même, forte de ses cerveaux artificiels, est en train de s’éveiller à la conscience… Michel Jeury, l’un des plus prestigieux écrivains français de science-fiction, a créé ici un univers comparable par son envergure à ceux de Frank Herbert et de Cordwainer Smith.
On s’y perd un peu dans ce roman, entre l’Orbe et la Roue, les seigneurs et les ingénieurs, les nombreuses races humanoïdes, les humains, les demi-humains, les mélivelins, les édaïns, les triformes, etc. On s’y perd aussi dans le dédale de ces sphères artificielles. Du coup, l’intrigue en pâtit, trop touffue, trop dentelée. Malgré une écriture impeccable, une imagination débordante, des personnages aux multiples personnalités, comme Mark Jervann d’Angun, le héros trois fois ressuscité, malgré des inventions originales, comme ces renards ou hommes sacs téléphone, il n’est pas évident de suivre le fil et d’entrevoir les intentions de l’auteur. Il faut attendre le dernier quart du livre et la tentative de libération de la sphère Faüde, pour enfin vraiment s’immerger dans l’action.
Dommage, on est loin de l’enthousiasme que m’avait procuré la lecture de Temps incertain du même auteur. Mais on ne peut pas gagner à tous les coups…