
Ce roman, publié d’abord en magazine en 1925, décrit une civilisation située dans le passé le plus lointain, au moment où deux cités se disputent l’hégémonie : Nour, immense, tentaculaire ; Illa, plus petite, mais dotée d’une arme meurtrière, la pierre-zéro, véritable bombe atomique moderne. Hélas, gouvernée par un dictateur, elle offre l’image d’une ville avilie dont l’appareil policier est si atroce qu’aucune opposition n’y est possible ! Et pourtant Illa a besoin de tout un peuple « valide » pour livrer la guerre à Nour sa rivale…
Ce court roman tient un rythme d’enfer. Que d’actions ! Et que de désastres !
Avec le recul de près d’un siècle, il serait tentant de vouloir descendre en flamme ce récit fort désuet et un peu simpliste. Mais ce serait ne pas tenir compte du contexte historique de l’auteur.
Bien qu’originales, nombreuses des inventions de l’auteur ne sont pas réalistes, à l’image de ses ondes nourricières. Mais d’autres, comme certaines armes de destruction massive, font frémir. Elles présageaient sans nul doute des bombes nucléaires à venir.
Avec l’exploitation des hommes-singes, on a du mal à déterminer si l’auteur dénonce le recours à l’esclavage ou s’il ne rêverait pas d’une forme d’esclave humain décérébré. Il y a une ambiguïté ici, d’autant que le héros, le chef militaire Xié, n’hésite pas à sacrifier plusieurs milliers d’entre eux pour s’évader du bagne…
Enfin, avec une seule femme d’une modeste importance présente dans le récit, l’auteur révèle, à son insu, le contexte machiste de l’époque.
Aussi ne faut-il pas s’attendre à un fond de philosophie ni à aucune leçon de morale d’ailleurs, à part peut-être celle de la loi du plus fort, ou du plus cruel… Il y aurait eu matière à réflexion pourtant. Mais non, on aura seulement droit à un moment de détente trépidant.