
Le monde a changé. Et comment pourrait-il en être autrement ? Cela faisait si longtemps maintenant… Pour tous, les souvenirs passés étaient comme d’étranges songes, irréels et pourtant familiers, évoquant des émotions qui s’estompaient avant d’avoir pu révéler leur saveur.
Il en allait ainsi pour tous ceux qui s’accrochaient désespérément à un semblant de vie depuis la chute de l’Arche. S’accrocher à l’instant présent permettait à l’esprit de ne pas sombrer. Et si cela impliquait la perte de tout ce qui avait fait la substance même de l’être… En un sens, que reste-t-il à opposer quand il est question de survie ?
Et pourtant… Pourtant, il était impossible d’oublier le passé. Pour Sam encore plus peut-être. Lui savait trop bien qui il avait été. Ce qu’il ne savait plus, c’était qui il était désormais. Sam avait essayé de choisir… Et d’une certaine façon il avait échoué.
Oublié, l’espoir. Un concept trop fade peut-être, pour cette nouvelle ère. Non, désormais l’Humanité vivait sous le règne du pragmatisme. Une nécessité ? Peut-être. Mais une triste nécessité. Douloureuse, sale, trop… réelle.
Alors quoi ? Fallait-il donc se résigner ? Fallait-il abandonner ? Se laisser submerger par les regrets ? Mettre un terme à cette existence, tant qu’il restait un semblant de décence ?
Non. Sam était d’une autre trempe. De celle qui ne laissait pas tomber. Même si le poids des souvenirs était toujours plus lourd. Même si cela impliquait d’endurer à chaque battement de cœur, de se sentir un peu plus vide à chaque expiration. Non.
Sam se dressait. Il faisait face, et il se battait.
C’était son choix. Le choix qui lui restait.
Ce qui faisait la différence. Sa différence.
Pas grand-chose, auraient dit certains. Et ça n’aurait pas été faux. Car Sam était perdu. Il ne pouvait pas se douter qu’il était sur le point de bouleverser tout cela. De renverser l’équilibre du nouveau monde et de changer la donne pour tous ceux qui foulaient encore le sol de cette Terre. Incroyable et pourtant… Il suffisait d’une rencontre.
Un roman post-apocalyptique à faire frémir.
Des monstres extraterrestres de la pire espèce, la déchéance des sociétés humaines, la violence extrême comme moyen de survie, la fin inexorable de l’humanité, on a tous les ingrédients pour un livre prenant du début jusqu’à la fin.
Sam, le passeur, va aider Inés, porteuse malgré elle du dernier espoir de l’humanité, à traverser une Europe devenue sauvage et cauchemardesque, afin d’atteindre le dernier bastion encore civilisé.
J’ai aimé la façon de dévoiler petit à petit l’intrigue, d’amener avec parcimonie les pièces du puzzle qui éclairent les événements précédant l’apocalypse. J’ai aussi aimé ces héros à la fois si forts et si fragiles, leurs rivalités, et aussi le personnage d’Artiom, ce monsieur tout-le-monde réduit à la lâcheté pour sauver sa peau. Non, les pires monstres ne sont pas extraterrestres…