Des objets s’évanouissent dans les airs, des animaux s’envolent, des hommes sont happés par une force mystérieuse. Est-ce une forme de banditisme ? – nous voici dans un roman policier. Est-ce dû à l’intervention d’êtres maléfiques ? – nous passons au roman fantastique. Les extraterrestres sont-ils entrés en scène ? – nous pénétrons dans le domaine de la science-fiction. Ce roman monté comme un mécanisme d’horlogerie marie les trois genres, et d’autres encore, dans une atmosphère qui associe la fraîcheur de la Belle Epoque à un rythme et un suspense redoutables. Un chef-d’oeuvre de la littérature populaire.
L’humanité, ne possédant sur l’univers qu’un petit nombre de lucarnes qui sont nos sens, n’aperçoit de lui qu’un recoin dérisoire. Elle doit toujours s’attendre à des surprises issues de tout cet inconnu qu’elle ne peut contempler, sorties de l’incommensurable secteur d’immensité qui lui est encore défendu.
Entre comédie, quand il prend à contre-pied les méthodes de Sherlock Holmes, et tragédie, avec les nombreuses disparitions humaines, ce roman reste un ouvrage dur dans le fond, qui donne une bonne claque à l’orgueil des humains.
Le ton est d’abord bon enfant, même après les premières disparitions. Il vire ensuite au sordide quand il se met à pleuvoir des morceaux de corps humains… Un ennemi invisible sème la terreur dans l’Ain en « pêchant » ses victimes sur terre, dans les airs, et leur fait subir des horreurs. En fait, des horreurs pas pires que celles que les humains font subir aux autres êtres vivants de la planète, au nom de la science !
Plus de cent ans après sa publication, ce roman est dépassé en ce qui concerne les détails techniques et scientifiques, mais impérissable en ce qui concerne la description des sentiments dominateurs de la race humaine. Il est bon de la remettre à sa vraie place de temps en temps. Avec ses araignées invisibles, Maurice Renard, en dénonçant notre égocentrisme et en nous poussant à plus d’humilité, est un précurseur dans le genre.