
Le Grand Secret, c’est l’histoire d’un couple séparé par un extraordinaire événement, puis réuni dans des circonstances que jamais un homme et une femme n’ont connues. C’est aussi l’histoire d’un mystère qui depuis 1955 a réuni, à l’insu de tous, dans une angoisse commune, au-delà des oppositions, des idéologies et des impérialismes, les chefs des plus grandes nations. C’est ce « grand secret » qui a mis fin à la guerre froide, qui a été la cause de l’assassinat de Kennedy, qui rend compréhensible le comportement de De Gaulle en mai 1968, qui a rendu indispensable les voyages de Nixon à Moscou et à Pékin. Il n’a rien à voir avec la guerre ou la bombe H.
C’est le secret de la plus grande peur et du plus grand espoir du monde.
Difficile de parler du livre sans déflorer le secret. Essayons quand même.
C’est un roman en deux parties. Dans la première, on tourne autour de pot, autour de ce secret que seule une poignée de grands de ce monde connaît. On est dans les années soixante et soixante-dix. L’auteur nous promène dans cette période de guerre froide, autour de la planète, sans grand respect pour l’ordre chronologique. Pourtant, chose étrange, il ne nous perd pas. Les bases de l’intrigue se tissent logiquement autour du parfait amour que vivent Jeanne et son amant Roland. Fin du premier acte, le secret est enfin prêt à être dévoilé au lecteur.
Une fois dévoilé, justement, on se demande ce qu’il reste à dire dans la seconde partie. Mais à peine se pose-t-on la question que le décor change, une ambiance paradisiaque, utopique, qui rappelle Le meilleur des mondes, s’installe. Entraîné dans l’élan de l’histoire des deux amants, leur retrouvaille déchirante nous fait changer de registre et on se demande comment l’auteur va s’en sortir pour sauver le monde (et l’amour ?) du dangereux secret et élaborer une fin convenable. Eh bien, on peut le dire, il s’en sort plutôt bien.
D’un autre côté, il n’y a pas besoin d’un grand secret pour menacer l’avenir de la planète. Surpopulation et consommation à outrance, on est en train de vivre ses effets en direct !
Barjavel, un visionnaire ? Oui, en quelque sorte, comme tout bon auteur de SF qui se respecte.