Représentée en 1882 et 1883, cette “pièce fantastique” tranche radicalement sur la production vernienne. Elle se démarque des autres pièces de Jules Verne, ces “voyages au théâtre” où il s’agissait de faire du sensationnel, du “grand spectacle”, en convoquant sur scène un train à vapeur, un éléphant, des lions et autres curiosités. Voyage à travers l’impossible ne fait pas dans l’exotisme, elle donne à voir le jamais vu : le centre de la Terre et ses “intraterrestres”, le Nautilus vu de l’extérieur puis en coupe, l’Atlantide, le canon géant et la fabuleuse planète Altor. De ce fait, elle récapitule et prolonge à la fois les récits – Voyage au centre de la terre, Voyages et aventures du capitaine Hatteras, De la Terre à la Lune, Autour de la Lune, Vingt mille lieues sous les mers, Le docteur Ox – mais sous le coup de l’effet théâtral, chercheurs d’impossible, âme damnée, jeune fille de bonne famille, couple comique, amoureux éconduits oscillent entre pataphysique, prêches “bien-pensants” et burlesque. Jules Verne se permet là ce que Hetzel lui censurait dans ses romans et nous livre un texte loufoque et parodique, tout aussi délicieusement “rétro” que précurseur de nos modernes space operas en matière d’effets spéciaux.
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Pour qui s’est plongé dès sa plus tendre enfance dans les aventures extraordinaires de Jules Verne, cette pièce de théâtre parait bien familière.
C’est un mélange à la sauce fantastique, voire fantaisiste, de trois de ses ouvrages les plus célèbres, Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la lune et Vingt mille lieues sous les mers. On y retrouve ainsi nombre de personnages connus, ainsi que ce style tragi-comique propre à l’auteur.
Autant j’ai adoré les trois romans cités plus hauts, autant je ne suis pas convaincu par cette pièce. Les transitions ne sont pas très élaborées, pas toujours assez développées, le rôle de l’organiste, bien que clé dans l’intrigue, est assez confus, et les séjours au centre de la Terre et sur la planète Altor s’avèrent des plus irréalistes. À moins que tout cela ne représente, comme dans un rêve, l’allégorie de la folie naissante du protagoniste Georges Hatteras…
L’avantage, c’est que c’est vite lu. On n’a pas à se coltiner les interminables et fastidieuses descriptions chères à l’auteur. Ici, de fait, le décor est réduit à sa plus simple expression et tout se joue dans les dialogues. Au final, grâce à un rythme soutenu et malgré les imperfections, on passe un bon moment.